Pensées intrusives ou TOC?

TOC ou pensées intrusives?

Madame P. se plaint d’avoir deux pensées intrusives (TOC) récurrentes qu’elle n’arrive pas à gérer.

Pensées intrusives
Pensées intrusives

La première est mêlée d’images qui se caractérise par la pratique de relations sexuelles avec son enfant. La deuxième pensée se résume à se voir en train de jeter ce dernier par la fenêtre lorsqu’elle s’en approche. La représentation de ces pensées lui fait craindre qu’elle pourrait passer à l’acte et qu’elle est dangereuse pour son enfant. Malgré la reconnaissance de ses pensées négatives comme irrationnelles, c

es dernières déclenchent chez elle une détresse importante. Comment fait-elle alors pour y faire face lorsqu’elles apparaissent ?

Quelles adaptations pour madame P.?

Madame P. a trouvé deux parades face à ses pensées intrusives. La première se résume à fredonner une musique spécifique pour que la pensée disparaisse. Pour résoudre la deuxième, Madame P. est à l’affût de la moindre fenêtre. Elle prend des précautions pour s’en écarter de plusieurs mètres chaque fois qu’elle en rencontre une sur son passage. Madame P. se plaint, aujourd’hui, d’être très stressée lors de l’apparition de ces pensées. Mais aussi, d’avoir une anxiété anticipatrice qui focalise son esprit et l’empêche de se concentrer sur d’autres choses. Si en première hypothèse, nous pouvons qualifier cette souffrance dans le registre des troubles obsessionnels compulsifs (TOC), elle n’en demeure pas moins déroutante. Mais son comportement est-il si irrationnel que ça ?

Quelles explications?

Si nous simplifions la situation, nous pourrions dire que madame P. croit que le seul fait d’avoir à l’esprit ses pensées intrusives peut suffire à le déclencher. Ce raisonnement ressemble à une sorte de pensée magique qui se retrouve notamment dans les superstitions. Par exemple, si je pense bien fort aux chiffres du loto, les numéros qui me viendront spontanément à l’esprit auront plus de chance d’être dans le tirage gagnant. Nous savons que notre imagination et notamment son expression dans les rêves sont parmi les meilleurs exemples pour argumenter que tout ce à quoi nous pensons ne reflète pas une réalité potentielle. Ainsi, nous savons que dire, penser ou même écrire ne suffisent pas à déterminer nos futurs passages à l’acte ou à influencer l’avenir. En êtes-vous convaincu ? Si oui, faites le petit test ci-après.

Prenez un stylo et écrivez cette phrase sur une feuille de papier : « je veux que prénom meure ». Maintenant, réécrivez cette même phrase en remplaçant « prénom » par celui d’un de vos enfants ou bien d’un être cher.
Si vous avez quelques hésitations à écrire cette nouvelle phrase, reconsidérez-vous, peut-être, votre jugement et commencerez-vous à mieux Madame P. et ne pas trouver complètement ridicule l’apparition de son anxiété…

S.ROUSSET

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