Un examen et ses peurs

Un examen et ses peurs

panneauxUn examen est une chose courante, ses peurs un peu moins. Ce qui l’est un peu moins c’est que cette peur nous empêche de nous concentrer et de réaliser ce que nous devons. Voici, pour développer, l’histoire d’une patiente. Une jeune femme, madame M., exprime une forte anxiété à l’épreuve de conduite automobile qui a lieu très prochainement. Elle a échoué déjà à deux reprises et redoute que son stress lui fasse perdre à nouveau ses moyens. Comment l’aider ? Commençons par en savoir un peu plus.

Questions pour approfondir la situation problème

A la première question de connaître ce qui l’a fait stresser, elle répond qu’elle ne sait pas. Titulaire de deux diplômes d’ingénieur, nous lui faisons partager notre étonnement sur le fait qu’elle ne soit pas suffisamment aguerrie à l’examen depuis toutes ses années. Nous l’interrogeons alors sur ce qui différencie cette épreuve de toutes celles qu’elle a affronté. Elle dit que « ce n’est pas pareil, davantage intellectuelle, elle a l’habitude d’être devant une feuille blanche. Elle a ses repères ! ». Il est vrai que la plupart de ces compétences sont intellectuelles et peu axées sur la praxie.

La compétence est située. Ici, on peut aisément faire l’hypothèse qu’elle a très peu d’expérience transférable dans ce domaine. Citons par exemple que, certains peuvent facilement piloter un avion mais perdre les mots devant l’élue de leur cœur. Ainsi, la gestion du stress n’est pas une compétence acquise et encore moins innée, mais bien construite en fonction d’une situation précise.

Précisions sur la situation problème

Madame M., nous dit aussi qu’elle n’a pas ses repères. Là encore, nous savons que dans tout acte l’individu le modifie pour s’adapter à son environnement et ceci grâce à des retours d’information sur les effets produits. Par exemple, à vélo, dans un virage, selon notre vitesse, nous penchons plus ou moins en fonction de notre rapprochement des lignes séparatrices de la voie. Ainsi, l’absence de connaissance de repères ne permet pas à l’individu de s’ajuster de façon continue.

En questionnant davantage madame M., celle-ci s’aperçoit que son stress est plus fort si  l’examinateur est un homme et de surcroît s’il montre un air sévère. « J’essaierai de ne pas trop le regarder et d’y penser le jour « J », dit-elle. « Comme ça mon stress aura moins de chance apparaître ! » rajoute-t-elle, pour nous dire la manière » de s’y prendre quand il apparaît. Tout cela sera-t-il bien efficace ?

Quelles solutions?
Test cognitif
Examen

Quelles solutions peut-on proposer en vue d’augmenter les chances de réussite à l’examen? Un petit exercice pratique vaut beaucoup mieux qu’un long discours. De fait, nous demandons à madame M. de faire une petite expérience. Tout d’abord, elle doit essayer de ne pas penser au mot « Camembert » pendant une minute.

A la fin du temps imparti, nous l’interrogeons sur son taux de réussite. Elle nous répond, non sans gêne, qu’elle n’y est pas arrivée. Spontanément, elle précise que toutes les choses, sur lesquelles elle fixait son attention pour l’éloigner de cette pensée, l’a ramenait, malgré elle, au dit mot : Camembert ! Elle explique plus précisément qu’au bout d’un certain temps passé les yeux fixés sur un objet elle se questionnait de la façon suivante : « Mais pourquoi donc mon attention est focalisée sur cet objet ?…. Ah, oui, c’est vrai ! Pour ne plus penser au mot Camembert !… oups ! ».

Pour rassurer, madame M., nous l’informons que cet exercice est très difficile et que peu de gens le réussisse. Effectivement, nous lui expliquons lorsque nous cherchons une pensée pour en éviter une autre, cette même pensée nous rappelle le motif de l’évitement. Certains l’appellent « l’effet rebond ». Ainsi, madame M. apprend qu’il est quasiment impossible de contrôler sa pensée et encore moins à ce que l’on redoute.

Axes de préparation à l’examen

Solutions problèmeNous formulons deux axes pour préparer l’examen de conduite et réduire son anxiété. Nous conseillons à madame M. de passer plus de temps à essayer d’accepter l’éventualité de voir l’examinateur être un homme. Plus précisément, s’habituer qu’il ait des traits sévères plutôt que de chercher une ou des pensées capables de l’éloigner de cette éventualité qui l’effraie. Ainsi, elle aura davantage la possibilité de commencer réévaluer le rapport entre l’aspect menaçant de l’examinateur et le niveau de d’anxiété mobilisé. Aussi, elle pourra se donner l’opportunité de vérifier en quoi et jusqu’où ce regard sévère peut être dangereux pour elle.

Mais aussi, nous lui suggérons de ne pas oublier que notre corps est capable d’adaptation à condition de lui en donner l’occasion. Par exemple, en ces temps de fortes chaleurs, nous ressentons désagréablement le fait de sortir de notre voiture après avoir effectué un long trajet. Ceci est surtout vrai si elle est équipée de la climatisation. Si nous regagnons aussitôt notre véhicule, nous ne pourrons pas permettre à notre corps de s’habituer à cette hausse brutale de température. C’est d’ailleurs ce que nous ne faisons pas et oublions après plusieurs pas cette sensation de bouffée de chaleur.

Pour conclure

Pour conclure, chaque situation inhabituelle provoque son lot de nouvelles sensations que l’on signifie plus ou moins négativement. La valeur que nous donnerons à ces sensations vont conditionner notre manière d’appréhender le nouvel événement. L’acceptation et la remise en cause de nos interprétations automatiques peuvent aider fortement à venir à bout de chaque situation de stress.

Une petite remarque. Nous n’avons pas demandé à madame M. si cette expression de visage lui rappelait un souvenir dans son enfance. Ceci, d’une part, car nous n’en avions pas le temps, au regard de l’échéance de l’épreuve qui se déroulait dans les sept jours. D’autre part, était-ce vraiment si important et les souvenirs de madame auraient-ils été exactes?

Ah oui, madame M. nous a envoyé un petit mail. Elle nous a informé que pendant deux semaines elle s’est attachée à suivre les objectifs formulés. Et, qu’elle nous remercie car elle avait réussi son permis de voiture. Elle ne nous a pas précisé, malheureusement, les modifications éprouvées dans chaque domaine.

S. ROUSSET