L’impuissance apprise, comment s’instaure-t-elle ?
L’impuissance apprise, parlons-en! Mais avant tout énonçons quelques faits. Certains jugent efficace le fait de taper sur le museau de leur chat ou leur chien pour l’obliger à exécuter un geste. D’autres, seraient peut-être tentés de reproduire cette technique sur leur cher bambin. Ceci afin de l’aider à se concentrer devant sa copie de mathématique qu’il a tant de mal à résoudre. Mais, est-ce vraiment efficace ?
Apprentissage à court et long terme
Rappelons que notre enfant n’entre pas dans la catégorie des animaux de compagnie. De plus, ce dernier est doté de capacités intellectuelles. Celles-ci lui permettent de faire des liens entre effets et conséquences. Enfin, ce petit de l’homme enrichit au fil du temps une mémoire à long terme d’expériences qui lui permettront de faire des choix.
Par exemple, le souvenir négatif répété d’un coup de règle sur les doigts lors d’échec à ses devoirs risque d’influencer son attitude future. Et, nous pouvons accepter, lors du prochain devoir, que son attention risque d’être fortement focalisée par la résolution de son équation. Mais aussi, la sentence potentielle désagréable pourra être source d’anxiété anticipatrice. Pour les adultes, il n’est toujours pas très agréable d’avoir un chef derrière eux avec le chrono.
Comprenons, aussi, que cette situation de stress est insupportable. Elle peut conduire notre chère tête blonde à chercher une stratégie pour éviter « la tapette pédagogique » qui lui fait mal à son petit cœur. Pour les adultes, le congé maladie est une bonne alternative pour éviter des situations désagréables. Mais, pour un enfant, que faudrait-il mettre en place pour ne plus souffrir? Pour ne plus avoir les conséquences négatives d’un échec? Certaines stratégies seraient-elles efficaces à court terme mais excessivement dommageables à long terme ?
Petit rappel théorique
Selon, Carol Dweck (2007), il existe deux grandes théories implicites concernant l’intelligence chez chacun d’entre nous. La première appelée théorie statique. Elle postule que l’intelligence est un don. Cela conduit l’enfant dans une attitude de démonstration, d’évitement de l’effort et d’échec (« si je ne trouve pas tout de suite la solution, c’est que je ne suis pas intelligent »). La deuxième appelée la théorie dynamique. Elle définie l’intelligence comme une chose qui s’acquiert. Cela conduit l’enfant à chercher la bonne stratégie et à utiliser ses échecs pour alimenter son expérience (« si je fais un effort, c’est que ma tête fonctionne et j’ai une chance de trouver la solution»). En quoi ce petit rappel pourrait-il nous faire comprendre les stratégies d’évitement préjudiciables dans l’apprentissage ?
Le choix de stratégies néfastes pour le développement
« Taper sur le museau » pourrait bien signifier à l’enfant que le problème est mécanique (« si on me tape sur les doigts cela va faciliter la réflexion »). Et pire, cela pourrait l’amener à se convaincre que « ce n’est pas la peine que je réfléchisse, de toute façon je ne suis pas intelligent ». Ainsi, ce raisonnement déterministe lui permettrait de ne pas s’engager dans la réflexion et donc moins souffrir en cas d’échec. Aussi, nous comprenons que certains puissent apprendre à leur enfant, par la petite tape sur les doigts, à être impuissant devant ses difficultés (théorie statique).
Impuissance apprise, quelle conclusion?
Pour conclure, il serait, semble-t-il, plus opportun d’inculquer à nos enfants que sa difficulté devant un exercice est un problème d’encodage de son disque dur (mémoire à long terme). De plus, celui-ci lui a été livré complètement vierge. Ainsi, nous autres, les géniteurs et autres ressources bienveillantes, devons croire dans notre pouvoir de participer à élaboration d’une tête bien faite. Et, savoir valoriser qu’une demande d’aide serait sûre est un signe d’intelligence et qu’une tape sur les doigts n’a jamais favorisé les connections neuronales.
Une petite vidéo sur le sentiment d’impuissance apprise devrait finir de nous éclaircir sur l’influence de la sanction dans l’apprentissage! https://www.youtube.com/watch?v=j9I95BJsINc
(2007) Blackwell, L. S., Trzesniewski, K. H., & Dweck, C. S. (2007). Implicit theories of intelligence predict achievement across an adolescent transition: A longitudinal study and an intervention. Child Development, 78, 246–263